Philosophie générale 1

Responsable : Alexandre Iagodkine

Titre : Qu’est-ce que l’homme ?

Résumé : Le but de ce cours introductif sera d’aborder des thématiques essentielles de philosophie générale au prisme de la question de la différence anthropologique. Qu’est-ce qui distingue en propre l’être humain ? Quels critères ont été choisis au cours de l’histoire de la philosophie pour justifier cette exceptionalité humaine ? Ce différentialisme fait-il encore sens aujourd’hui ?

         Une première partie du CM sera consacrée à l’étude des définitions classiques du propre de l’Homme dont on peut dire qu’elles sont « métaphysiques » dans la mesure où elles lui attribuent une essence qui le place en dehors du monde matériel ou physique. On verra par exemple le statut de la différence anthropologique chez Platon et Aristote, dans la théologie, et enfin le concept de « dignité humaine » dans l’humanisme de la Renaissance.

         Un deuxième temps sera dévolu à la critique de cette hégémonie anthropocentriste, à partir de la formule fameuse de Freud selon laquelle l’humanité se serait vu infliger trois « blessures narcissiques » (Le Malaise dans la civilisation) : la remise en cause du géocentrisme par Copernic ; l’intégration de l’être humain dans la continuité du vivant avec l’évolution de Darwin ; la contestation des pouvoirs de la raison et de la conscience avec la psychanalyse. Le premier axe nous fera revenir sur le sujet transcendantal et la naissance de l’anthropologie (Rousseau et Kant), le second reviendra sur l’évolution et le continuisme du vivant. Enfin, en commençant par la psychanalyse, nous aurons l’occasion d’étudier une constellation de pensées qui ont pour but de souligner la dépendance de l’être humain (aussi bien au niveau individuel que collectif) à l’égard de dynamiques qui le dépassent ou le constituent à son insu. On verra de quelle manière cette orientation culmine dans l’archéologie des sciences humaines mise en oeuvre par Michel Foucault (Les Mots et les Choses), annonçant la « mort de l’homme » au profit de l’analyse des structures sociales et économiques. On en trouve aussi l’écho chez Claude Lévi-Strauss affirmant l’évanescence de l’homme qui n’existe qu’à travers des institutions culturelles qui sont elles-mêmes une « efflorescence passagère » condamnée à disparaître (Tristes Tropiques).

         Toujours est-il que la réflexion contemporaine voit renaître un intérêt pour l’anthropologie dont la caractéristique principale est l’ambition de penser l’être humain dans sa liaison avec le reste du vivant sans pour autant abandonner nécessairement l’idée d’une singularité humaine (Lestel, Les Origines animales de la culture). S’il faut bien considérer les acquis de la biologie ou de l’éthologie (science du comportement animal) pour une définition continuiste et matérialiste de l’être humain, n’y a-t-il pas place pour une pensée de la différence anthropologique qui ne reconduise pas les partages essentialistes anciens (Bimbenet, L'animal que je ne suis plus) ? L'étude de cette anthropologie par-delà la séparation entre nature et culture, selon le titre du célèbre ouvrage de Philippe Descola (Par-delà nature et culture), constituera la dernière étape de notre parcours.

         Les TD donneront l’occasion d’une approche plus approfondie des textes par leur étude commentée et des présentations orales en classe