Philosophie des sciences

F. Taylan M1S1 2022-2023

Les limites de la Terre. Malthus et l’environnementalisme

            La tension entre les « ressources limitées de la planète » et une population mondiale d’environ 8 milliards d’habitants est devenue un lieu commun non seulement de l’écologie, mais aussi de l’économie qui se définit par cette même tension.  Or, l’actualité écologique de cette tension fait parfois oublier la manière dont elle a été formulée par Malthus dès la fin du 18^ème siècle, avant d’être sévèrement critiquée par Marx et Engels, qui lui reprochaient de justifier une haine des classes ouvrières par cet argument idéologique - et économiquement faux - des limites naturelles. Ce « débat malthusien » a été au cœur de « l’environnementalisme » dès la naissance de ce mouvement aux États-Unis dans les années 1940, lorsqu’on a voulu conserver les ressources rares et préserver certaines espaces naturelles au détriment de certaines populations considérées comme peu développées. Le séminaire reviendra sur cette histoire complexe, en problématisant l’héritage malthusien de l’écologie politique et la manière dont on peut repenser la question des limites aujourd’hui.

Indications bibliographiques :

• Malthus, Essai sur le principe de population, Trad. P. et G. Prevost, Flammarion, 2010 [1798].
• Darwin, L’origine des espèces au moyen de la sélection naturelle ou La préservation des races favorisées dans la lutte pour la vie, trad. Edmond Barbier, Flammarion, 2008 [1859].
• Marx et Engels, Critique de Malthus, trad. Roger Dangeville, Maspero, 1978. 
• Meadows et alii, The Limits to the Growth, 1972.
• Robertson, The Malthusian Moment: Global Population Growth and the Birth of American Environmentalism, Rutgers University Press, 2012.
• Kallis, Why Malthus was wrong and why environmentalists should care, Stanford University Press, 2019.