Code Apogée
1MBZM11
Composante(s)
UFR Humanités
Période de l'année
Automne
Description
Semestre 1
1) Jean Yvonneau
Le héros de l’épopée est-il celui qui, par excellence, traverse les frontières ?
Nous ferons passer deux personnages homériques au banc d’essai :
- Ulysse, bien sûr, grand voyageur (nous étudierons en particulier les chants 9 à 13 de l’Odyssée, qui racontent notamment sa visite des Enfers) ;
- Priam, le roi de Troie, qui au chant 24 de l’Iliade, pour récupérer le cadavre de son fils Hector, accomplit lui aussi son voyage au bout de la nuit.
Nous travaillerons sur textes traduits, sans nous interdire de nous reporter parfois au grec.
2) Gauthier Liberman
Les limites du temps diurne et du temps nocturne et le passage de ces limites.
On étudiera les unités de répartition du jour et de la nuit, leur rôle, leur fonctionnement, leur désignation, leur origine, leur fluidité, leur évolution, leur vocabulaire, en allant puiser, pour comprendre tout cela, dans le monde grec et dans l'Égypte ancienne, un égyptologue célèbre ayant montré que les racines de la répartition du temps dans le monde classique sont égyptiennes.
3) Anne Bajard
Les bornes du monde et de leur franchissement dans l’imaginaire collectif romain.
Il s’agira d’étudier la représentation des confins dans la littérature ou les arts plastiques, et l’exploitation de ce thème par l’idéologie impériale.
Une bibliographie en accord avec le sujet plus précisément abordé sera donnée à chaque séance.
Semestre 2
1) Sophie Gotteland
Quelles frontières pour la cité ?
On réfléchira aux différentes limites qui permettent de définir la cité (principalement chez les orateurs) :
- la tripartition de l’espace civique (ἄστυ/ προάστεια / χώρα) ;
- les limites géographiques extérieures : monde grec/monde barbare, Europe/Asie ;
- les frontières mentales & morales : comment la pensée médicale (hippocratique en particulier) cartographie l’humanité en étudiant les interactions entre relief, climat, modes de pensée et pratiques.
2) Laurent Gavoille
La frontière dans la langue et la mentalité romaines
La démarche de nos séances sera d’abord lexicale et sémantique : partant des mots relatifs à la frontière et de leur usage dans les textes latins (qui seront accompagnés de leur traduction), nous tenterons de dépasser le stade de la simple désignation pour définir leur signification ; celle-ci peut être liée au contexte, mais le travail sémantique consiste à isoler un sens premier, fondamental. Mais par là-même, nous visons ce qui est le plus important pour comprendre une langue et une civilisation, à savoir l’identification de traits de mentalité.
Le point de départ consistera dans l’examen d’une famille de mots correspondant à la notion de « frontière » ou de « limite » : termo, termen et terminus, seul ce dernier vocable étant usuel dans la langue latine. À partir de là, nous verrons que terminus, par opposition à d’autres substantifs tels que finis, nous entraîne vers une définition juridico-religieuse de la frontière, ce qui nous conduira à rencontrer des notions essentielles de la mentalité romaine comme fides et religio, dans lesquelles l’idée de limite est essentielle. Le mot terminus, parce qu’il peut désigner la frontière entre deux pays, nous renverra aussi à la famille de deux mots latins issus d’une même racine mais de sens différents : hostis, le nom de l’« ennemi » et hospes, celui de l’« hôte », dont il conviendra de définir la formation et l’évolution sémantique. Terminus nous renverra également aux légendes nationales de Rome (racontées par Tite-Live) où la place du franchissement de la frontière est primordiale, comme la fondation de la ville par Romulus, et la traversée du Tibre par des héros légendaires, où l’eau représente la barrière qui sépare le monde des vivants de celui des morts.
3) Renaud Robert
Les frontières dans l’art : les dynamiques du visible
La notion de frontières trouve une application singulière dans le domaine de la réflexion grecque —puis romaine — sur les arts. Elle est liée à la question du dessin, du contour, c’est-à-dire à celle des frontières extérieures de l’objet représenté. Or, le contour est ambivalent puisque, s’il définit les extrémités de l’objet pour le distinguer de son environnement, il doit aussi suggérer la présence de ce que le spectateur ne peut pas voir, la face cachée de l’objet à partir du moment où les peintres inventent le « modelé », introduisent la tridimensionnalité dans la peinture ; la ligne de contour doit donc à la fois arrêter la forme et la prolonger. Cette question débouche sur un débat technique opposant le dessin à la couleur, le trait à la simple juxtaposition de tâches colorées.
Mais la réflexion sur les limites de l’objet représenté ne concerne pas seulement le dessin, elle met aussi en jeu la capacité du peintre à mêler ce qui est distinct dans la nature, en d’autres termes, elle débouche également sur la question de l’hybridation des espèces et des formes ; elle met en évidence le pouvoir du peintre à représenter ce qui n’existe pas dans la nature. Cette greffe est possible grâce à la maîtrise dont le peintre fait preuve dans la représentation du passage d’un état à l’autre et grâce à sa capacité à estomper, à effacer les frontières. C’est le sens de la réflexion de Lucien sur le tableau de Zeuxis représentant une famille de Centaures. Toutefois, ce pouvoir exorbitant du peintre est également vivement contesté pour des raisons philosophiques et esthétiques par Lucrèce, Horace ou Vitruve. Ce débat se prolonge jusqu’à la Renaissance.
Enfin, la réflexion antique sur les arts s’est aussi longuement penchée sur un autre type de frontière, celle qui sépare le modèle vivant de sa représentation « inanimée », frontière avec laquelle la littérature artistique a beaucoup joué au cours des siècles.
Heures d'enseignement
- Séminaire thématique collectif - TDTravaux Dirigés12h
- Séminaire thématique collectif - CMCours Magistral12h