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Genre,féminisme postcolonial et intersectionnalité : perspectives théoriques et politiques

  • Code Apogée

    HR2407

  • Composante(s)

    École Doctorale Montaigne-Humanités

Description

L’originalité des postcolonial studies est d’avoir fait le lien entre la critique du colonialisme et d’autres formes de domination, notamment dans le domaine du genre. En « genrant » les questions traditionnellement androcentrées liées aux mouvements de résistance nationalistes, à l’identité colonisée, aux fondamentalismes religieux ou encore à la littérature coloniale, les féministes postcoloniales ont rendu incontournable la perspective féministe et ont enrichi en les complexifiant les théories postcoloniales. Le concept de genre, initialement défini pour distinguer la construction sociale des rapports entre hommes et femmes de la distinction bio logique entre les sexes, est davantage historicisé contextualisé et racisé. Le féminisme postcolonial place ainsi au cœur de son analyse féministe l’expérience de la colonisation, de l’esclavage et du racisme, d’où les tensions avec les féminismes occidentaux (pour ne pas dire blancs) qui ont été dans l’incapacité d’incorporer les questions de race et de colonialisme.

Comment définir les théories féministes postcoloniales ? C’est surtout en réaction et en rupture avec le féminisme « blanc », hégémonique, que sont apparues les théories féministes postcoloniales. En effet, la critique principale qui fut faite au premier, est celle de ne pas avoir entendu les voix des femmes noires, latino-américaines, arabes, asiatiques. Elles lui reprochaient de ne pas prendre en compte les dimensions de race, de classe et de sexualité des rapports de genre, et de refuser d’intégrer ces dimensions à ses analyses et à ses agendas politiques. D’après ces critiques, l’erreur du féminisme hégémonique, voire impérialiste, est d’avoir présenté l’expérience des femmes blanches et de la classe moyenne comme LA situation universelle d’oppression des femmes.

En France, se développe aussi depuis une vingtaine d’années une critique radicale du féminisme dominant issu de la tradition historique (Lénel, Martin, 2012), car pour ce féminisme, tout se passe comme si la femme blanche française de souche catholique savait comment les femmes, de culture ou d’origine différente (musulmane par exemple) devraient se comporter. Un universalisme trop dogmatique, comportant pour certains des relents racistes, n’aboutirait en réalité qu’à une oppression des femmes par les femmes, débouchant au fond sur une « colonisation discursive ».

Dans la pensée féministe anglophone, les féministes « de couleur » (« of color ») n’ont pas attendu les post-colonial studies « pour élaborer un modèle pour penser le sexe, la race et la classe ou, plus exactement, pour penser la difficulté qu’il y a à conceptualiser l’articulation de ces trois rapports » (Dorlin, 2008, 81) et élaborer une théorie faisant ressortir l’intersection des rapports de domination tels que les rapports de sexe [...] », rapports constitués en systèmes, notamment le colonialisme, le racisme, le patriarcat et l’hétérosexisme.

Cette perspective historique des apports des études féministes postcoloniales va nous fournir des bases fondamentales pour repenser certains concepts, notamment celui du genre, de l’empowerment ou encore celui des capabilités qui ont été vidés de leur dimension critique. On a souvent occulté l’enrichissement de ces analyses féministes au détriment d’une instrumentalisation de ces concepts. En mobilisant de manière inédite un corpus théorique et conceptuel issu des études féministes – libérales et postcoloniales –,il s’agira de proposer dans un autre atelier des méthodes de recherche intersectionnelle qui permettent de démontrer comment les identités et les pratiques spatiales genrées, se constituent en fonction de multiples variables dont la classe, le statut, l’âge, la communauté, la couleur de peau...

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